Giordano Bruno, le philosophe défenseur de « l’univers infini »

« L’univers sera de dimension infinie, et les mondes seront innombrables » : réflexions d’un philosophe italien de la Renaissance.

Nom : Bruno

Prénom : Giordano

Nationalité : italienne

Œuvre : De l’infini, de l’univers et des mondes, 1584

Né en janvier 1548 à Nola, province de Naples qui relève de la souveraineté espagnole, Giordano Bruno suit une instruction imprégnée d’humanisme, d’auteurs classiques, d’études de la langue et de la grammaire latine. Frère dominicain, il décide de laisser l’habit en février 1576 et débute une vie d’exil qui le verra notamment aller en France, en Angleterre ou encore en Allemagne. Excommunié par les trois grandes religions chrétiennes de son époque (catholique, orthodoxe et protestante), Bruno sera brûlé vif le 17 février 1600 suite à des accusations d’hérésie. Parmi ce qui lui est reproché se trouve sa défense d’un univers infini.

Giordano Bruno laisse derrière lui de nombreux traités en latin mais aussi des dialogues en italien, langue « vulgaire » grâce à laquelle il espère transmettre ses idées au plus grand nombre. Ces dialogues se divisent en deux types : les dialogues dits « moraux » et les dialogues « cosmologiques ».

Dans son dialogue cosmologique De l’infini, de l’univers et des mondes (1584), le philosophe italien expose sa cosmologie infinitiste. Bruno va alors au-delà de l’héliocentrisme défendu par l’astronome polonais Nicolas Copernic en affirmant que « l’univers sera de dimension infinie, et les mondes seront innombrables ». Depuis la parution de l’œuvre de Copernic en 1543, le système géocentrique qui mettait la Terre au centre de l’univers est peu à peu délaissé au profit de l’héliocentrisme au sein duquel le Soleil récupère cette place centrale ; l’univers demeure néanmoins fini et clos.

Système héliocentrique : le soleil est au centre de l’univers

Bruno dépassera cette idée et soutiendra que l’univers est infini et qu’il existe d’autres mondes semblables au nôtre, d’autres systèmes avec un Soleil en leur centre. On passe alors du monde clos, qui est la norme depuis les systèmes d’Aristote et de Ptolémée, à un univers infini. Force est de constater que Bruno n’a aucune preuve scientifique pour défendre ses théories, la lunette télescopique de Galilée n’apparaissant qu’en 1616, soit seize ans après la mort de Bruno. Ainsi, les théories bruniennes reposent sur le seul exercice de la raison, sur l’intuition. Quand on demande au philosophe italien pourquoi le monde serait infini, il demande à ses détracteurs pourquoi il serait plutôt fini. Par la force du raisonnement, il met en avant le fait qu’il n’y a rien d’absurde à penser un univers infini et l’existence d’autres mondes semblables au nôtre. Bien qu’ancien par sa méthode scientifique qui repose sur l’intuition et non sur l’expérience, Giordano Bruno est un esprit novateur du fait des thèses qu’il avance et marque un tournant dans l’histoire de la philosophie, et plus généralement dans l’histoire de la pensée.

La défense de ces thèses cosmologiques mèneront le philosophe italien à sa perte mais ce n’est pas tant l’infinité de l’univers que l’Église reprochera à Bruno que le fait que, l’univers étant infini et la Terre n’en étant plus le centre, l’homme perd également sa place centrale, prestigieuse et unique, au sein de l’univers.

Bruno sera condamné pour hérésie dès 1592 et exécuté huit ans plus tard à Rome, au Campo dei Fiori, place sur laquelle est érigée sa statue depuis le 9 juin 1889.

Statue de Giordano Bruno au Campo dei Fiori – Rome

Sources :

Aristote, Traité du ciel, Paris, Flammarion, 2004.

Bruno, Giordano, De l’infini, de l’univers et des mondes, Paris, Les Belles Lettres, 2016.

Copernic, Nicolas, Des révolutions des orbes célestes, Paris, Diderot Eds, 1998.