Pegasus, l’arme des régimes autoritaires

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L’imagerie populaire façonne la représentation d’un cheval ailé, une créature mythique de la mythologie grecque. A l’ère du digital, Pegasus recouvre une réalité différente. Il s’agit d’un logiciel espion mis au point par la société israélienne NSO, groupe spécialisé dans la filière de la cyber intelligence. Conçu en 2013, Pegasus devient le produit phare de la firme et conquiert rapidement le marché oriental. Sous couvert de servir la lutte contre le terrorisme, les réseaux de trafics illicites, le dispositif va devenir un instrument de surveillance des régimes autoritaires.

Dans un contexte de la mondialisation, les Etats voient apparaitre de nouvelles menaces. En complément de l’appui humain, les nouvelles technologies rendent de fiers services pour alimenter le renseignement et accompagner les effectifs de sécurité sur le terrain. C’est dans cette perspective de soutenir les acteurs de la cyberdéfense, qu’elles se disent s’inscrire. Tel est l’étiquette revêtue par NSO. La jeune société israélienne qui a éclot en 2010, a été fondée par 3 ex-membres de l’unité 8200, une des chambres du renseignement de l’armée de défense israélienne. Acquis au monde de la cyberdéfense, l’entreprise souhaite œuvrer à une noble cause en apparence, la lutte contre le terrorisme. Les états peuvent en faire l’acquisition en vue d’observer de près une cible. Au cœur d’un juteux marché, les licences commercialisées par NSO peuvent atteindre plus de 500 000 dollars auxquels se greffe des frais d’installation. Avant chaque vente, le ministère de la défense israélien doit donner son aval. Une mesure proactive afin d’éviter une utilisation malveillante du logiciel. Les faits montrent pourtant que ces précautions ne constituent qu’un trompe l’œil.

Mais concrètement, quid de Pegasus ? quelles sont les fonctionnalités du logiciel qui fait fantasmer les régimes autoritaires ?

Pegasus fait partie des rolls Royce des outils de Cyber espionnage. En clair, ce logiciel offre une multitude de possibilités. Après avoir sélectionné sa cible, le détenteur peut avoir accès à une quantité importante d’informations. En somme, ce produit entre au plus profond des téléphones portables des individus. Il est ainsi, possible et ce à distance, d’activer la caméra, le micro et la géolocalisation d’un utilisateur. Les communications entretenues sur les réseaux sociaux y compris sur WhatsApp reconnue comme une messagerie sécurisée peuvent être consultées et enregistrées. En somme, à chacune de ses paroles, de ses faits et gestes, la cible est traquée. Le logiciel donne un accès aux mots de passes. Aucun secret n’est rendu possible. La plus-value de Pegasus tient à sa discretion. La personne observée ne remarque pas l’activation du logiciel. L’ensemble des dispositifs de sécurités sont contournés ce qui garantit sa fiabilité et son efficacité.

La société recourt à une stratégie 3.0 investiguant au quotidien pour repérer les failles des systèmes d’exploitations. Les vulnérabilités se révèlent nombreuses du côté de Android là où la tâche demeure plus rude pour le système d’Apple, IOS. Au total, plus de 600 ingénieurs et hackers veilleraient au bon fonctionnement et à l’amélioration du logiciel.

Par le travail des journalistes et des autorités, des données nous sont parvenues quant à la propagation de Pegasus. La société NSO group commerceraient avec pas moins de 40 Etats incluant le Bahreïn, la Turquie, le Togo ou encore des puissances européennes à l’instar de la Pologne et de l’Allemagne. Intéressée initialement par le produit, La France s’y refusa finalement fin 2020 rendant compte de son caractère dangereux. En effet, et c’est bien là le cœur du sujet, Pegasus s’est rendu célèbre non pas moins comme un bijou de haute technologie mais comme une arme de surveillance massive à la solde de régimes aux dérives autoritaristes.

Plusieurs régimes autocratiques ont vu dans le logiciel une opportunité de renforcer leur pouvoir et à défaut leur tyrannie. Tenons le cas de l’Azerbaïdjan dont l’enquête révèle que le gouvernement a mis sur écoute des dissidents politiques, des membres d’organisation de défense des droits de l’Homme, ainsi que des journalistes. En Arabie saoudite, le prince héritier a mobilisé Pegasus dans la tragique opération contre le reporter, Jamal Khashoggi retrouvé assassiné à l’ambassade saoudienne d’Istanbul. A cet égard, le dispositif fourni par NSO alimente la terreur des régimes dictatoriaux. Un objectif bien loin de celui affiché, rappelons le, la lutte contre le terrorisme.

En vertu de ses dérives, grâce aux éléments apportés par les lanceurs d’alerte, la société a dû répondre de ses actes. L’UE a ouvert une commission d’enquête où l’ex PDG de NSO a pris la parole. Au niveau international, plusieurs victimes ont déposé plaintes et ont obtenus réparation. Suite aux diverses condamnations, NSO a vu son image se déliter impactant son processus de recrutement et freinant la clientèle. L’Entreprise a accumulé, par ailleurs, de lourdes dettes.

L’affaire Pegasus a mis en exergue les risques des outils d’ultra surveillance et ce d’autant plus dans les mains de pouvoirs autoritaires.

Point sur le conflit qui bouscule le Soudan

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Il y a maintenant plus de 20 jours qu’un conflit a éclaté au plein cœur du Soudan. Les combats perdurent sur l’ensemble du territoire et pour la première fois dans l’Histoire du pays, touchent la capitale, Khartoum.

Ce conflit oppose l’armée régulière coordonnée par l’actuel président du conseil Abdel Fattah Al-Burhan aux forces paramilitaires sous le commandement Mohamed Hamdan Dogolan connu sous le surnom « Hemeti ». Le second officie en qualité de vice-président depuis 2021. C’est en somme, une course sanglante pour le pouvoir qui s’est engagée. Une ironie du sort au vu de leur alliance passé. En outre, les deux militaires se sont associés en 2019 pour précipiter la chute d’Omar Al bachir. Le dictateur a fait régner pendant 30 années, se hissant au pouvoir en 1989, la terreur sur la population. Cette ère marqua un enfoncement du pays dans l’autoritarisme et la pauvreté en vertu de l’embargo international. Omar Al Bachir à échappé dernièrement à un procès à la cour pénale internationale pour crimes de guerre. La caste militaire a répondu à un appel du peuple, lui qui s’est uni dans la rue. La transition démocratique semble alors, pouvoir s’enclencher. Mais, les choses se sont passés autrement, et le pouvoir aux mains des militaires est retombé dans les travers du passé.

Al- Burhan refuse depuis 2019, la proposition d’Hemeti d’intégrer les forces de soutien rapide (Forces paramilitaires) à l’armée régulière. Un point de tension qui a joué un rôle de catalyseur dans la guerre actuelle. De par son positionnement géographique et son Histoire, le Soudan évolue dans un environnement hostile. Les islamistes radicaux représentent une menace perpétuelle. Le groupe Boko Haram démontrait il y peu sa présence dans l’ouest du territoire.

Face à l’intensité des combats, des milliers de soudanais ont dû se résoudre à fuir. Nombre ambassades ont acté le rapatriement de leurs ressortissants, à l’instar de la France, des Etats-Unis ou de l’Arabie saoudite. Les pays voisins tels que le Tchad ou l’Egypte voient affluer une vague de migration. Pour ceux encore présents sur le sol soudanais, le chaos mine le quotidien. Les organisations non gouvernementales redoublent d’efforts pour approvisionner les civils en vivres et apporter une assistance médicale aux blessés. Mais, leur action se voit paralyser dans certaines artères inaccessibles de par la dangerosité. Nombreuses sont les familles à ne pouvoir s’alimenter. Le conflit amplifie la crise économique qui impacte le Soudan. Riche de par ses ressources, que ce soit ses réserves en or et en hydrocarbures, la population subsiste en grande majorité très pauvre. D’après les données répertoriées par la banque mondiale, en 2016, 82 % de soudanais vivaient sous le seuil de pauvreté là où à titre de comparaison la France affiche une valeur de 14,5 %. Cet épisode plonge l’Etat africain dans une nouvelle phase d’instabilité autant politique qu’économique.

Le conflit a pris rapidement une dimension régionale. De par et d’autre, les belligérants ont noué des alliances et réhabilités celles passées. Alors, que l’armée régulière jouit du soutien crucial des Etats Unis et de son voisin égyptien, le clan d’Hemeti peut compter sur la fidélité des Emirats arabe unis, de l’Ethiopie, de l’Erythrée et de la Russie indirectement via le groupe militaire privée Wagner. Pourtant, aucun des deux parties à pris l’ascendant sur le plan militaire. Les deux commandants justifient d’une large expérience dans le domaine et savent de surcroit mobiliser stratégiquement leurs ressources. D’aucuns redoutent un prolongement des combats sur le long terme, autrement dit, une guerre d’usure. L’armée régulière disposerait tout de même d’un avantage vis à vis de son rival. Elle est dotée d’avions de combat, à la différence des FSR forcés de batailler au sol via ses unités motorisés. Néanmoins, le contexte urbain rend les avions moins utiles.

Les spécialistes semblent pessimistes quant à la suite des évènements. Peu présagent un rapide retour au calme. La trêve n’est pas d’actualité. Pour cause, aucun des deux partis se montre disponible à négocier autour d’une table. La perspective d’un cessez le feu et de la ratification d’un processus paraît pour aujourd’hui lointain. L’objectif de l’armée régulière est connu et n’admet aucune concession : le démantèlement pure et simple des forces de soutien rapide.

La communauté internationale s’active dans l’ombre pour apaiser les tensions. Les Etats – Unis et l’Arabie saoudite ont revêtus leur cape de médiateur. Aucun autre acte n’est à notifier. L’action internationale reste en l’état négligeable et ne pèse que très peu sur l’orientation du conflit.

Après plusieurs jours d’affrontement, des dégâts matériels importants sont à déplorer. Les bombardements ont causé la destruction de multiples habitations. Certaines infrastructures publiques ont été prises à partis tel que plusieurs hôpitaux. Lors de la première journée, les FSR se sont emparés de l’aéroport international bloquant les liaisons avec l’extérieur. Pour autant, l’armée dément les déclarations des forces paramilitaires quant à la prise du palais résidentiel du président du conseil. Face à l’escalade de la violence, les autorités annonçaient le 16 avril un jour férié afin de protéger les civils. Les deux parties se sont entendus sur l’ouverture de couloirs humanitaires. Néanmoins, le dernier décompte officiel datant du 29 Avril renseigne plus de 530 morts et 5000 blessés. Un bilan qui s’alourdit à chaque journée de conflit.

Le conflit laisse entrevoir une vaste campagne de désinformation. Chacun des deux clans cherche a valoriser l’action de ses troupes. La chaine Al-jazzera rapportait que la vidéo montrant Al-Burhan à proximité d’un corps de blindé remonte à avant le conflit. L’armée régulière incrimine dans le même temps, les FSR d’avoir saboté le réseau de télécommunications. La majorité de la capitale est toujours privé d’accès internet.

Si les civils subissent très durement les conséquences des combats, l’espoir de la fondation prochaine d’un régime démocratique continue à nourrir les esprits. Malheureusement, aucun des deux groupes armées ne semble soutenir un tel projet de société. En début d’année, des hordes de civils défilaient déjà pour exiger la destitution de Al-Burhan. Le processus révolutionnaire engagé à la chute de El-Béchir va devoir s’intensifier pour espérer combler cette aspiration.

La Turquie annonce l’élimination du chef de l’Etat islamique

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Dans une interview accordée à une chaine de télévision nationale, le chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdoğan a annoncé l’élimination du chef de l’Etat islamique. Samedi dernier, les services secrets turcs connus sous l’appellation MIT (Millî İstihbarat Teşkilatıà) ont conduit avec succès une opération aboutissant à la neutralisation du leader d’une des organisations terroristes les plus redoutées au monde.

Les faits se sont déroulés dans la province d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, à proximité de la frontière turque. D’après les informations révélées par la presse, Abou Al-Hussein Al-Qourachi, se trouvait renfermé dans une maison dotée d’un bunker souterrain. A l’approche des militaires turcs, le commandant de l’EL a activé la ceinture d’explosifs nouée autour de sa taille. Cette attaque a été permise par un long travail de renseignement mêlant l’action des polices locales et de messages l’alerte provenant de civils.

Pour appuyer leur propos, les médias ont diffusé les images de l’habitation intégralement détruite. Après s’être assuré d’avoir identifié le terroriste, les forces turques ont disposé des charges explosives sur les murs latéraux et les portes.

Pour le moment, l’Etat islamique n’a pas confirmé l’information. Le cas échéant, un nouveau commandant de l’organisation devra être désigné. Cet évènement pointe du doigt l’affaiblissement du groupe terroriste, en l’espace de 6 mois seulement, 2 chefs ont été assassinés. Face à l’engagement international, l’Etat islamique a perdu du terrain en Syrie, ainsi qu’en Irak. Les états poursuivent la lutte inlassable contre la menace terroriste. Il y a quelques semaines, le gouvernement américain révélait avoir déjoué plusieurs attaques planifiées sur le sol européen et au Moyen – Orient.

Active depuis 2006, l’organisation a largement exploitée les incidents géopolitiques qui agitent le Moyen – Orient. Elle a su étendre son influence dans la région en tirant partie de l’instabilité générée par la Guerre en Irak et la guerre civile en Syrie. Or, son déclin se poursuit depuis 2015. Les estimations rapportent qu’en l’espace de deux années, entre 2015 et 2017, la zone occupée par l’EL a été amputée d’ 1/3 l’a ramenant à 60 000 kilomètres. D’après un décompte réalisé par le pentagone sur l’année 2019, le nombre de combattants de l’organisation oscillerait entre 15 000 et 18 000 répartis majoritairement sur le sol syrien et irakien.

La communauté internationale se félicite de cette nouvelle. Cette intervention démontre par ailleurs, l’efficience de l’armée turque et sa bataille permanente contre le terrorisme. Les spécialistes observent la situation de très près et présagent une réaction rapide de l’organisation.

Une canicule précoce en Espagne qui préoccupe la communauté scientifique

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Le thermomètre grimpe chez nos voisins espagnols. En cette fin de mois d’Avril, le pays va affronter sa première grosse vague de chaleur. L’agence météorologique espagnole annonce des journées atteignant les 40 degrés et qualifient les nuits à venir de « tropicales ». Des températures habituellement recensées durant la période estivale. La vague de chaleur espagnole pourrait s’étendre à certains de ses pays voisins comme le Maroc et le Portugal.

Cette canicule résulterait d’un air sec provenant du continent africain combiné à un fort rayonnement solaire. Ces températures qui surgissent hâtivement par rapport aux années précédentes impacteront la partie sud du territoire telle que la ville de Cordoue, établie dans la province éponyme. Les météorologues y distinguent l’action du réchauffement climatique dont les effets connaissent une précocité et une amplification. Les derniers rapports du GIEC, le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, convergent en ce sens. Le monde connaîtra des vagues de chaleur plus longues et plus rudes.

Face à ces prévisions, les autorités craignent des incendies. De nombreuses régions sur l’ensemble du pays sont exposés à la sécheresse. Des zones de surcroît fertiles à des départs de feu. Pour prévenir tout types d’incidents mettant en danger les habitations et leurs résidents, les espaces verts qui peuplent le sol espagnol, les ressources allouées au service d’urgence ont été renforcées. Le corps médical sera pleinement mobilisé pour la prise en charge.

De son côté, l’administration madrilène prévoit plusieurs mesures pour rendre la situation plus soutenable pour la population. Les piscines ouvreront leurs bassins plus tôt qu’a l’accoutumée. Ces endroits sont des refuges privilégiés pour les madrilènes en vue de se rafraichir. Le réseau de métro prendra également ses dispositions en réhaussant la climatisation et en augmentant son service au nom d’une meilleure répartition des passagers. Les établissements scolaires adapteront leurs horaires pour préserver la santé des élèves, une catégorie à risque. Les gestes de protection ont été rappelés, préconisant une hydration régulière et de se mettre à l’abri du soleil l’après – midi.

L’Agriculture ne devrait pas être épargnée par cet épisode de forte chaleur. L’inquiétude demeure autour de l’irrigation des cultures avec des réserves qui fondent très rapidement. Des milliers d’hectares pourraient partir en fumée. Un contexte critique dans la mesure où l’Espagne occupe une position de premier plan sur le marché agricole européen. Les économistes prescrivent une hausse du prix des exportations face à la baisse des rendements annoncés.

Dans le même temps, la France se tient sur ses gardes et anticipent une montée de la chaleur dans les régions du sud – canadairs survolent les régions à risque pour y asperger du retardant, un produit chimique qui freine les départs de feu et leur propagation. D’après un rapport publié par Copernicus, l’agence en charge de surveiller l’évolution du climat européen, l’été dernier, soit en 2022, a enregistré le nombre le plus de jours en proie à « un stress thermique ». Une situation qui devrait continuer à se détériorer à l’avis des spécialistes. Faute de quoi, la seule solution reviendrait de prendre à bras le corps le défi climatique en réduisant notre empreinte carbone.

Le Portrait de Laurent Berger

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Une page se tourne pour la CFDT. Après 10 ans de bons et loyaux services à la tête du premier syndicat de France, Laurent Berger cède sa place. Retour sur le parcours d’un enfant du monde ouvrier qui s’est fait une place de taille dans l’Histoire syndicale.

Originaire des pays de Loire, le leader syndicaliste grandit dans un foyer ouvrier. Son père intervient sur les chantiers navals de l’Atlantique tandis que sa mère opère auprès des enfants en tant qu’assistant d’éducation. Passionné par l’Histoire de France, il conduit une maitrise à l’université de Nantes. Une expérience universitaire qu’il mène de front avec son engagement politique. Il officie en tant que membre de l’organisation de la jeunesse ouvrière chrétienne dit « JOC » avant d’en devenir le secrétaire général pendant deux années. Cette association ancrée à gauche de l’échiquier politique réunit des jeunes de confession catholique issus du monde ouvrier. Elle est majoritairement active dans les pays francophones, à l’instar de la France et de la Belgique, pays fondateur.

Au début de sa carrière, il prend part à des remplacements dans les écoles de Loire atlantique en tant que professeur d’Histoire – Géographie. S’ensuit une période de plusieurs mois de chômage à l’issue de laquelle il est employé dans une association d’insertion. Cette dernière vient en aide à des chômeurs longue durée qui peinent à retrouver le chemin du marché du travail. Animé par des valeurs sociales, son engagement se porte vers la défense des plus précaires. Il initie la création d’une section CFDT dont il est élu en qualité de délégué du personnel. Cette promotion marque son réel premier pas dans l’univers syndicaliste.

C’est à partir de l’année 1996 que tout s’accélère. Laurent Berger accède à l’union locale CFDT de Saint-Nazaire. Son action s’oriente sur les questions d’emploi dont il est devenu spécialiste. Son plein investissement sera récompensé en 2003 où il rallie le siège national de l’organisation. Ses responsabilités s’étoffent ce qui fait une figure montante du syndicalisme. Plusieurs années plus tard, en 2009, il est accueilli dans la convoitée commission exécutive.

Proche de François Chérèque, secrétaire national du syndicat de 2002 à 2012, assurant la fonction de numéro 2 comme secrétaire adjoint, nombreux anticipent la passation par son poulain. Une projection qui se concrétise avec l’arrivée de Laurent Berger à la direction de la CFDT en 2012.

Taxé d’apparatchik par ses détracteurs, le fils d’ouvrier rejette cette appellation rappelant ses origines sociales et son parcours professionnel semé d’embuches « « J’ai connu le chômage, j’ai été aussi remplaçant de prof. J’ai mis les mains dans le cambouis comme surveillant d’externat, dans l’aide à l’insertion. Moi, mon parcours syndical, il est lié à mon parcours professionnel. J’étais délégué du personnel, j’ai monté une section syndicale dans une boîte de moins de 10. C’est pas moins compliqué que dans une entreprise de 500 ou 800 salariés. »

Le syndicaliste laisse derrière lui une trace de son engagement. Ses mandats successifs, réélu à deux reprises, se sont portés vers la défense de l’emploi. En cela, il s’inscrit dans la lignée de son mentor et prédécesseur. La CFDT monta au créneau durant la crise sanitaire pour la protection des travailleurs. Elle négocie avec le gouvernement un accord sur le télétravail et obtient une extension du ségur de la santé. Néanmoins, certains regrettent l’absence de mobilisation face à la loi travail défendu sous la mandature de Francois Hollande. Lors du premier mandat de Emmanuel Macron, Laurent Berger prônera la conciliation. Une position plus modérée que ses homologues, vivement contestée dans l’environnement syndical.

Le départ de Laurent Berger ne constitue pas une surprise dans les rangs du syndicat. Dès juin 2022, lors du congrès de l’organisation qui se tenait à Lyon, il avait annoncé qu’il n’irait pas au terme de son mandat. Selon ses propres mots, Laurent Berger estime qu’il n’est « pas indispensable à la CFDT » Une sortie plus tardive que prévu que le principal concernée justifie par la crise sanitaire, une période charnière pour les partenaires sociaux. Elle intervient au cœur du combat social contre la réforme de retrait, un moment jugé inopportun pour nombre militants. Laurent berger clame un choix « murement réfléchi et non dicté par l’actualité ».

L’actuelle numéro 2 de la CFDT, Marylise Leon, prendra son relais à compter du 21 Juin. Après la CGT, c’est la CFDT qui fait peau neuve. Désormais, les deux principales organisations syndicales du pays seront gérées par deux femmes au riche passé syndicaliste.

Marylise Leon

Ouverture du procès Fox News, la chaine encourt une amende de 1,6 milliards de dollars

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Fox news fait partie des chaines les plus plébiscitées du paysage médiatique américain. Concurrente directe de CNN, ses programmes rassemblent pas moins de 82 millions de téléspectateurs. Sur le plan comptable, le bilan affiche de très bons résultats. La chaine enregistrait en 2018, 858 millions de dollars de bénéfices. Mais, voilà qu’elle se trouve au cœur d’une affaire judiciaire qui pourrait bien lui être préjudiciable.

Ce média d’information en continu fondé en 1996 nait de l’esprit de Ruper Murdoch. Le richissime homme d’affaires australo-américain, détenteur, notamment, du Times, du New-York post reproche à CNN un traitement biaisé de l’information en partageant la vision du parti démocrate. En outre, CNN est visionné principalement par la frange progressiste du pays et se fait le relais de combats sociaux. C’est dans la perspective de restaurer une information « juste et équilibrée » que Rupert Murdoch lance fox news.

Rupert Murdoch

Des recherches entreprises par des sociologues et politologues mettent en avant une proximité idéologique de la ligne éditoriale de la chaine avec le camp républicain, parti conservateur américain. Les experts traduisent l’influence de fox news sur l’opinion publique américaine via l’expression « Fox news effect ». L’exposition à son contenu contribue au développement de positions plus conservatrices, selon les données rapportées. Dédiant une large part de son temps d’antenne à la couverture de l’actualité politique, le média participe à forger les opinions politiques. Ainsi, Georges Bush aurait largement bénéficié de ce support médiatique dans son accession au pouvoir. Plus récemment, Fox news n’a pas manqué de louer le candidat, Donald Trump, à la maison blanche entre 2016 et 2020.

Fox news fait l’objet régulièrement de critiques pour son manque d’impartialité. Nombreux jugent que la chaine constitue un relai de théories complotistes. C’est en ce point qu’elle est mise en cause dans un procès qui s’ouvre cette semaine.

De fait, la société Dominion a déposé une plainte pour diffamation. Etablie dans le pays voisin, à Toronto, Dominion est une entreprise connu pour fournir l’équipement propre au vote électronique. En somme, elle a supervisé les dernières élections présidentielles américaines qui ont consacré le succès du chef des démocrates, Joe Biden. Cette victoire à vivement été contestée par son opposant, Donald Trump, candidat à sa propre réélection. Le représentant du GOP (Grand old party) a immédiatement remis en cause l’issue du scrutin évoquant une fraude électorale supposément orchestrée par son rival. Une théorie récusée par suite d’une enquête et jugée complotiste. Le cabinet de Donald Trump a également, soupçonné la société d’être en lien avec l’ex – président du Venezuela, Hugo Chavez.

Ce discours incriminant dominion a massivement été propagé par Fox News. L’Enterprise canadienne entend, donc obtenir réparation d’où cette convocation devant les tribunaux. Le jugement se tiendra dans la semaine, dans la région du Delaware.

Conscient des retombées négatives d’une telle condamnation sur l’image de marque de la chaine, Rupert Murdoch continue à négocier pour un accord à l’amiable. Une offre pour le moment refusée par Dominion. Pour l’entreprise, cette affaire soulève un enjeu démocratique. En relayant des propos mensongers, Fox news aurait failli à sa mission d’information du public. Dans le viseur de Dominion, un homme en particulier, l’animateur, Tucker Carlson. Vedette de la télé américaine, ce conservateur de la première heure avait déjà fait polémique pour avoir alimenter des théories du complot sur la crise sanitaire du covid 19 . Ardent défenseur de la théorie du « Grand remplacement » aux Etats – Unis, il est un allié précieux de Donald Trump.

En guise de dédommagement, une demande de 1,6 milliards de dollars a été émise, une sanction très lourde. Pour y pallier, le clan fox News construira sa défense autour du droit à la liberté d’expression permis par le second amendement de la constitution américaine. Néanmoins, au vu des preuves accumulées par Dominion, comprenant des correspondances privées pointant le caractère délibéré de la diffusion propos mensongers, les experts jugent faible la probabilité d’un acquittement.

Tensions entre la ligue des droits de l’Homme et le gouvernement

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En marge de la mobilisation contre la réforme des retraites, le gouvernement est impliqué dans un nouvel imbroglio. Le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin a évoqué une potentielle réévaluation des subventions accordées à la ligue des droits de l’Homme. Une démarche confirmée par la cheffe du gouvernement qui dans un discours adressé à la chambre haute du parlement, le Sénat, a fustigée les récentes positionnements de l’association. « J’ai beaucoup de respect pour ce que la LDH a incarné. Je ne comprends plus certaines de ses prises de position » a avancée mercredi dernier, Elisabeth Borne.

Comme son nom le suggère, la ligue des droits de l’Homme milite pour la défense des droits de l’Homme sur le sol français. Fondée en 1898, à l’initiative du sénateur libéral, Ludovic Trarieux, la dénommée LDH proteste fermement contre la condamnation d’Alfred Dreyfus. Proche des organisations syndicales et plus particulièrement de la CGT, l’association se spécialise dans la protection des intérêts des salariés, veillant à la prévention des accidents de travail. Au sortir de la guerre, sa mobilisation concourt à faire avancer la condition féminine. La LDH soutient le droit à l’avortement et bataille en faveur de l’égalité salariale. Se revendiquant de la déclaration des droits de l’Homme, elle accorde une vive attention au respect du droit de grève et de manifestation, des principes reconnus dans la constitution. Si la première ministre loue son engagement passé et les réussites obtenues par son action, les prises de positions récentes ne manquent pas de déplaire à la majorité.

Fin mars dernier, plus de 6000 manifestants se réunissaient dans les Deux-Sèvres, à Sainte-Soline pour s’opposer au projet de création de méga – bassines. Une journée particulièrement mouvementée ponctuée par des affrontements entre les forces de l’ordre et les militants. Ainsi, les autorités rapportent un total de 250 blessés dont 47 du côté des gendarmes et 40 chez les manifestants dont l’état à été jugée grave. C’est sur ce point que la LDH a fait entendre sa voix, récusant un « usage immodérée » de la force et donc, inadaptée à la teneur des évènements. L’association met en cause un autre élément, actuellement au cœur d’une enquête, le refus par les gendarmes de l’intervention des secours auprès des blessés. Les agents démentent et mettent en cause le haut degré de violence perpétué par des militants radicaux ne permettent de donner le feu vert au secours. Une version appuyée par le ministre de l’Intérieur, qui a attesté de son plein soutien aux forces de l’ordre.

Sur fond des accusations de Sainte – Soline, le gouvernement étend ses critiques envers la LDH quant à sa proximité avec la communauté musulmane. La première ministre évoque les termes suivants « d’ambiguïté avec l’Islam radical ». Un propos appuyé par son absence au procès des attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper casher. De fait, à l’époque, la LDH jugeait les caricatures de la rédaction discriminatoires envers les personnes de confessions musulmane. Du même avis, un des cadres du parti républicain, Bruno Retailleau a déploré une « gauchisation » de l’association. Un ex-membre de l’association, Cedric Porin souligne le rapprochement avec les partis de gauche, motivant son retrait.

Le président de la LDH, Patrick Baudouin, rejette ces condamnations en soutenant que l’association porte des valeurs qui s’opposent frontalement à l’Islam radical, notamment, dans sa vision archaïque de la femme. La LDH déplore d’être devenu le « bouc émissaire » du gouvernement et rappelle le caractère nécessaire de son engagement au nom des valeurs de droits et libertés fondant la république française. Nombre associations et partis d’oppositions se rangent du côté de la LDH. Les propos énoncés par Darmanin révèleraient une menace pour la liberté d’expression, d’après certains. Plus de 1000 personnalités publiques comprenant des intellectuels, artistes se sont joints dans une tribune parue dans le journal l’Humanité en soutien à la LDH.

Certains experts s’inquiètent quant à la réaction gouvernementale d’une réduction ou coupe des subventions. Le projet de loi contre le séparatisme validée récemment prévoit une suspension de l’aide étatique en cas d’attitudes garantes d’une rupture du contrat républicain qui lie associations et Etat. Une condition dont l’appréciation relèverait d’un certain degré de subjectivité. D’aucuns craignent que des sanctions pèsent sur les associations allant à l’encontre de la vision politique de la majorité.

Taïwan : La position française largement décriée à l’international sur le dossier Taïwan

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Les propos du chef de l’Etat ont provoqué un tollé à l’international. Dans le cadre d’un entretien adressé au journal Les Echos, Emmanuel Macron a défini la position Française quant à la Chine, sur le dossier Taïwanais. Une intervention nullement passé inaperçu et qui semble loin d’avoir contentée les alliés de l’hexagone, les Etats – Unis en tête.

Cette prise de parole survient au sortir d’une visite en Chine avec le président, Xi Jinping. La rencontre visait à aborder plusieurs sujets sensibles comme le conflit en Ukraine ou la question de l’indépendance de Taïwan. Mais, d’après le président Français, elle marquait avant tout la possibilité d’afficher l’unité européenne, via la présence à ses côtés de la présidente de la commission européenne, Ursula Von der Leyen.

C’est concernant le scénario Taiwanais que les tensions semblent se cristalliser. Questionné quant à la posture de la France vis à vis d’un potentiel conflit opposant à la petite île du pacifique au géant chinois, la réponse de Macron est claire ;  » La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise « . En substance, la France en tant que puissance centrale du vieux contient n’aurait pas intérêt à se mêler de ce dossier et revendique son autonomie stratégique. Par ces mots, c’est le refus de devenir un vassal et suivre aveuglément la marche américaine.

Pour autant, les évènements qui se déroulent dans la région Indo – Pacifique mettent en jeu directement les intérêts européens. Tout comme le reste du monde occidental, la France dépend massivement du marché asiatique pour l’approvisionnement en semi-conducteurs, un matériau présent dans la quasi-intégralité des produits électroniques moderne. Au-delà de la dimension économique, les tensions sino-taïwanaises mettent en débat un enjeu politique, celui du rapport aux valeurs, à la démocratie et à la liberté. En effet, l’expression « Un pays, deux systèmes » prend tout son sens. Tandis que la république populaire de Chine défend un modèle autoritaire marqué par un parti unique partisan de l’ordre, la république de Chine, autrement dit, Taïwan fait partie des bastions démocratiques du continent asiatique. Par sa représentante, Tsai Ing Wen, en fonction depuis 2016, le modèle taïwanais prône une transparence publique, une protection absolue des droits et libertés fondamentaux à revers de l’ultra-surveillance et de la violence exercée par Pékin.

Ainsi, par cette position, la France dévie de la trajectoire américaine. Il y a peu, Joe Biden réitérait sur antenne publique l’engagement des Etats – Unis à un soutien militaire à Taïwan en cas d’une attaque chinoise, qui serait « sans-précédent ». Une promesse entérinée dans un accord. Alors, à la différence de la Grande – Bretagne et de l’Australie, qui se rangent du côté américain, en atteste l’alliance « Aukus » (Alliance militaire contractée en mars 2023 entre les USA, la Grande – bretagne et L’Australie, pour la construction conjointe de sous-marins nucléaires en vue de lutter contre les ambitions chinoises), récemment formée, l’Europe bouderait son allié historique, les Etats – Unis. Nommant la rivalité liant la puissance Rouge et Etasunienne, qui augure pour certains spécialistes une « Nouvelle guerre froide », Emmanuel Macron a dit ne pas vouloir engager l’Europe dans cette logique de blocs.

Le contexte donne pourtant à penser un envenimement de la situation. Sur les semaines précédentes, l’armée chinoise a multiplié des exercices militaires a proximité des côtés taïwanaise. Une manière d’appuyer sa pleine détermination et de parfaire sa préparation stratégique. A cet égard, Taïwan ne masque pas ses inquiétudes. La perspective d’un conflit jugée hautement probable suppose une confrontation asymétrique, autrement dit, deux belligérants qui ne lutteraient à armes égales. C’est en ce sens, que pour le pouvoir Taïwanais, tout appui extérieur serait accueilli positivement.

Les Parisiens répondent « Non » au maintien des trottinettes en libre – service

Trottinettes, les touristes refoulées des rues de la capitale. Les Parisiens se sont prononcés dernièrement dans le cadre d’une consultation citoyenne sur la question du maintien des trottinettes en libre-service. Le verdict se veut sans appel. Le « non » l’a emporté par une écrasante majorité, à raison de 89 % des votants. Le retrait définitif interviendra au 1er septembre. Néanmoins, la circulation des trottinettes personnelles demeurera autorisée.

Ces engins électriques mises à disposition par les compagnies Lime ou encore Dott, sont devenus des sources quotidiennes de désagréments et d’inquiétudes. Ces opposants mettent en cause le problème de la sécurité. Faute d’avoir une voie qui leur est réservée, les usagers de trottinettes se déplacent quelques peu aléatoirement alternant au gré du flux de la circulation entre les trottoirs, les bandes cyclables et la chaussée routière. Un déplacement hasardeux qui a mené à une recrudescence des incidents. Que ce soit chez les automobilistes ou du côté des piétons, nombreux se plaignent d’avoir été effleuré et percuté par une trottinette. Elancés à vive allure, ce moyen de locomotion nouvelle génération représente un risque ambulant pour les plus fervents protestataires. Leur vitesse peut atteindre 25 km/h, même si dans les faits leur débridage, pratique interdite par la loi, permet le décuplement de la valeur.

Ces adeptes remettent en cause l’issue du scrutin. Les trottinettes constituent en effet, des alternatives vertes et offrent la possibilité de se déplacer rapidement dans une ville saturée. Les jeunes parisiens récusent, notamment, la forte participation de personnes âgés au vote, tranche de la population gênée par la présence des engins. Seul 7,5 % des Parisiens inscrit sur les listes électorales auraient fait le déplacement.

Cette décision met irrémédiablement à mal l’activité des fournisseurs de trottinettes. Le marché employait sur la ville de Paris pas moins de 800 employés. Malgré leurs stratégies, les acteurs ne sont pas parvenus à convaincre les votants parisiens. Les influenceurs mis à contribution pour soutenir la cause des trottinettes n’ont pas produit l’effet escompté. Le jour de la consultation, l’un des fournisseurs, Dott, déployait sa dernière carte en rendant gratuit ses trajets. Certaines compagnies qui assurent en complément la mise en service de vélos électriques disent retenir les leçons de ce rejet citoyen.

La municipalité de Paris par la voix de Anne Hidalgo a fait savoir son intention de légiférer sur la question de la mobilité sur les axes parisiens. Un « code de la rue parisien », en préparation, verra le jour d’ici l’été prochain. Le texte mettra un point d’honneur à garantir un partage équitable de la chaussée et à assurer prioritairement la sécurité des piétons et cyclistes. Les mesures retenues résultent en majeure partie de propositions défendues par les résidents. L’équipe municipale mise sur l’éducation à de meilleurs comportements pour prévenir tout nouveaux problèmes.

Depuis le début de son mandat, Anne Hidalgo cherche à réduire la place de l’automobile au profit des mobilités douces. Des parkings ont ainsi, été supplantés par des bandes cyclables. Le projet municipal prévoit leur extension sur 45 Kilomètres pour l’année à venir.

Loin d’être anecdotique, la question des trottinettes soulève maints enjeux au niveau la société. Ce mode de locomotion met en débat des interrogations liées à la sécurité, au partage de la route et à l’environnement.

Les « Méga-bassines » c’est quoi ?

À la Une

Samedi 25 mars 2023, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, plusieurs milliers de personnes ont manifesté pour s’opposer à « l’accaparement de l’eau » induit par le projet de méga-bassines.

Les méga-bassines, ce sont de larges réservoirs d’eau mis à la disposition des agriculteurs pour l’irrigation des cultures. Le remplissage se déroule durant la période hivernale par la récolte de la pluie et le pompage des nappes phréatiques. Ces bassines se répartissent principalement dans l’ouest de l’hexagone et dans la chaine des alpes. Plus d’une centaine de projet sont actuellement en cours. Les autorités misent énormément sur ce dispositif pour soutenir la gestion de l’eau et assurer une souveraineté alimentaire.

Le changement climatique marquée par la baisse des précipitations et l’intensification des vagues de sécheresse affecte grandement le volume d’eau disponible et les experts projettent des scénarios alarmants pour les prochaines décennies. Ainsi, les nappes phréatiques peinent à se recharger en basse saison ce qui pose un problème en période estivale dont les besoins en eau augmente. Pour y remédier et s’assurer de sauvegarder une quantité suffisante, avant tout, pour l’usage agricole, des restrictions commencent d’ores et déjà à être appliqués dans certains départements. Ces limitations concernent les particuliers contraints de cesser d’arroser leurs espaces verts, de remplir leur piscine, ainsi que les sociétés.

Les récents évènements et la mobilisation qui bat son plein dans les Deux-Sèvres pointe le débat et les protestations que les méga- bassines soulèvent.

Les détracteurs de ces constructions mettent en avant un usage déraisonné de l’eau au profit de l’agriculture intensive. Ces bassines n’édifierai pas une solution. Certains scientifiques soulignent que le monde agricole devrait se préoccuper des moyens à mettre en oeuvre pour garantir une rétention d’eau dans les sols. Les études montrent que l’agro-business, c’est à dire le modèle agricole à fort rendement altère la qualité des sols par un épandage massif d’intrants et le labourage. Les pratiques issus de l’agroforesterie et de l’agroécologie contribueraient à restaurer la richesse des terres, offrant des alternatives encourageantes. Le stress hydrique alimente, également, le débat sur une hiérarchies des cultures. Nombreux sont les agriculteurs à s’être déjà reportés sur des céréales peu gourmandes en eau, à l’instar du Sorgho. Enfin, le stockage effectué dans les bassines altèrerait la qualité de l’eau. A l’extérieur, sans protection, l’eau se réchauffe et les bactéries prolifèrent. Au-delà de la perte en sels minéraux, un risque sanitaire existerait.

De l’autre bord, les tenants des méga-bassines répliquent en invoquant le défi de la souveraineté alimentaire. Faute d’ un manque irrigation, certaines cultures ont dû être abandonnées sur le territoire français. Une situation qui place le pays dans un rapport de dépendance vis à vis de l’extérieur. Les importations agricoles représentaient en 2019, 20 % des denrées nationales consommées. Les pro méga – bassines contestent parallèlement, l’accusation d’un prélèvement abusif des nappes. Seul l’eau débordant des nappes serait récupérée pour remplir les reservoirs.

L’attention réservé aux méga-bassines pointe l’inquiétude quant à la gestion de l’eau, une ressource commune. A la lueur des prévisions du GIEC, des changements dans les modes de productions et de consommations demeurent impératif. Un défi, notamment, à une redéfinition de la politique agricole et de ses pratiques.